MEKHISSI DEMENAGE EN RENTRANT DE ZURICH : IL VA HABITER PORTE MAILLOT
Jeudi 14/08 – La pire et la meilleure des journées aux championnats d’Europe. En suivant des yeux le déroulement du 3000m steeple –qui fut ma spécialité je le rappelle- j’en admirai la probable conclusion. Une allure très, très raisonnable, avec un Mekhissi se baladant littéralement, un Kowal petit par la taille mais grand par son habileté tactique et son sprint ravageur dans le dernier tour. Un peloton tétanisé, personne ne bougeant même pas une oreille en attendant que Mahiédine s’en aille. Ce qui fut fait promptement ; l’écart se creusa inexorablement, Kowal 20 mètres derrière ramassait les morts et donc les français firent 1er et 2ème. Et alors chroniqueur, où est le sel de l’histoire ? Justement voilà la salière : Gorgé de sueur salée, le maillot du champion d’Europe putatif lui pesa subitement, et l’envie lui prit de s’en dévêtir, de s’aérer, de sauter même le dernier obstacle en le tenant entre ses dents qu’il avait carnassières. Son torse huilé et impressionnant à la manière d’un gladiateur-décathlonien ou d’un discobole, la ligne droite passa si vite qu’il ne remit le maillot qu’une fois la visée électronique accomplie. Ce n’est pas bien, lui dit un monsieur à chasuble brandissant un carton jaune, la prochaine fois on vous donnera une fessée (si vous enlevez votre short !). Passait par là un espagnol de l’armée en déroute, 4ème de la course je crois, plus bovidé sans talent que taureau de combat, qui flaira l’aubaine. Il avait lui-même été disqualifié pendant une couple d’années pour avoir été contaminé en 2010 par un steak contadorien. « Article 143-7 » criait-on avec raison, mais sans grandeur du côté de Madrid. Et oui, le maillot et son dossard doivent être portés tant que la course n’est pas finie. La faiblesse de l’argumentation déployée par le français fut aussi ridicule que sont sublimes ses talents athlétiques : « les footballeurs le font, je croyais que c’était permis ». Redevenons sérieux, et là je n’engage que ma modeste personne. MMB était passible de disqualification, mais un règlement équitable restant peut-être à écrire aurait dû lui valoir immédiatement un carton rouge, et ses deux suivants –ils en étaient d’accord- gardaient leurs places acquises sur la piste puisqu’ils n’avaient pas été gênés par quiconque pour postuler à la marche supérieure. Et l’Espagnol remballait ses castagnettes. Kowal aurait ainsi pu goûter pleinement la saveur de sa belle médaille d’argent ; Mekhissi en pétard préparer comme il le fit sa savoureuse revanche sur 1500m –quel talent, ce mec…ici. Et nous, sportifs de canapé, continuer à vibrer à l’or de Campaoré au triple Bond007 et au bronze de PML sur 110m haies qui avait un peu prématurément vendu la peau de l’ours (ou de la Russie) avant que Shubenkov ne s’en empare. Finalement une belle journée ce 14/08, comme elles le furent toutes à Zurich, écluses célestes ouvertes ou pas
. Claude Bodin 19/08/2014