HOMMAGE A ALAIN RUDELLE
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Cher Alain, la nouvelle de ton décès a traversé Poitiers, la France entière sur les chemins de l'internet. Les vieux de notre âge, mais aussi les quinquas et quadras qui t'ont connu sont émus car ils savent qu'ils ne retrouveront plus ta silhouette bonhomme sur les stades. Regardons ta vie et essayons de comprendre un tel retentissement.
Né en septembre 1938, tu as passé ton enfance à Asnières auprès d'un père pâtissier féru de sport, d'un frère amateur de cyclisme et d'une mère aux petits soins pour tous. C'est pendant ton apprentissage d'ouvrier typographe que tu découvres ton grand talent pour la course à pied. Sommet de la réussite sportive, tu représentes la France dans un match international junior. Tu adhères à un club d'athlétisme important, le CA Montreuil où tu côtoies Michel Jazy. Avec lui tu remportes un titre national en relais 4X1500m.
C'était l'époque du yéyé ! Tu faisais le siège de l'Olympia en vrai fan de Bécaud et de bien d'autres. Déjà à cette époque tu faisais l'unanimité pour ta gentillesse, et tu le reconnaissais , pour les gâteaux invendus de la boutique paternelle. Puis, ce fut le service militaire au Bataillon de Joinville et le séjour en Algérie où le titi parisien découvre un autre monde. Sur les photos prises dans les mechtas, c'est toujours ton sourire communicatif qui traverse l'image !
Avec ton retour du service militaire, c'est la deuxième partie de ta vie qui commence : mariage, arrivée à Poitiers en 1963 et pratique de l'athlétisme à l'ESPPEC puis à l'ASPTT avec de belles satisfactions individuelles et collectives (record de la Vienne du 20 km, titre de champion de France par équipe). Les athlètes de la Vienne apprennent à connaître tes qualités : sur la piste, la rage de vaincre ne te fait jamais baisser les bras. Avec des résultats dont tu n'aurais pas à rougir aujourd'hui dont je relève 18km276 dans l'heure et sur cendrée. Ne parlons pas de ta longévité 14'51''au 5000m après 40 ans. Tu avais fini par te croire invincible jusqu'au jour du premier rassemblement en mémoire de Michel Marolleau : dans une compétition de relais, je te revois foncer pour rattraper le retard de ton équipe ! Incroyable comme tu reviens vite sur ton adversaire ! Tu vas le faire! Mais crac, rupture du tendon d'Achille !!
Enfin, il ne faut pas oublier que tu étais foncièrement un homme de gauche, toi le lecteur fidèle du Canard Enchaîné et débatteur acharné : qui a oublié les échauffements très animés au parc de Blossac dans les années 68? Pas ceux qui y ont participé ! Le tout avec un humour débonnaire et un sens de la formule ravageur. Car Alain, tu avais beaucoup d'humour, toujours gentil, et un sens de l'imitation et de l'improvisation digne d'un acteur professionnel. Cet humour tu le partageais avec tes copains dans des aventures improbables telles celle du cabi (société secrète que seuls les initiés peuvent reconnaître). Sportif accompli, tu t'es ensuite impliqué dans la marche de l'athlétisme, conduisant tes garçons, Jérôme puis Vincent sur les stades, faisant partie du Comité Départemental, puis participant au fonctionnement des Amis de l'Athlétisme de la Vienne dont tu fus vice-président.
Ce portrait serait imparfait si je négligeais de parler de ta culture, immense. Grand amateur de livres, tu adorais l'athlétisme, le vélo, l’histoire, les vieilles pierres, les voyages, et les conférences. Je n'ai pas oublié la visite nocturne des monuments de Poitiers que tu organisas un jour! Toutes les pierres de Poitiers, tu en connaissais l'histoire. Ton plaisir quotidien était une compétition avec Marylène dans le jeu des 1000 euros ! Tu as rédigé de nombreux souvenirs de tes aventures sportives et touristiques. C'est vraiment passionnant. Toutes ces connaissances, tu ne les cherchais pas pour briller, mais pour satisfaire ta curiosité qui était énorme. On peut même dire de toi que tu étais un honnête homme au sens littéraire du terme. Ton esprit vif et le feu roulant de tes phrases ponctuées d'éclats de rire, sont marqués dans notre mémoire et vont beaucoup nous manquer.
Il est temps de te dire, adieu. Les drôles et les drôlières de Poitiers, les Amis de l'Athlétisme de la Vienne et tant d'autres, sportifs ou non, sont en peine. Avec toi, c'est un grand personnage de l'athlétisme local qui disparaît. Adieu Alain ! Toi qui ne croyais pas au ciel, apprends que ton souvenir restera longtemps gravé dans nos mémoires. Adieu !
Monique Authier et Claude Bodin