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PASSION D'ATHLETE N°4: HERVE DION, PASSION NAPOLEON

Publié le par Amis de l'Athlétisme de la Vienne

Gaby Meyer, HervéDion et Pierre Bassart devant la fresque du franchissement du Niémen par la Grande Armée (restaurant de Kaunas en Lithuanie, 2016)

D'où vient ta passion pour Napoléon?

D’où vient donc ma passion pour Napoléon ? Expliquer cela n’est pas chose facile car les raisons sont multiples et parfois très anciennes ; il est toutefois certain que mon milieu familial, mon éducation, mon intérêt précoce pour les grands personnages de l’histoire de France et mes études ont joué un grand rôle.

Il y a d’abord un certain nombre d’événements qui ont marqué mon enfance et mon adolescence. Ainsi, à l’occasion d’un carnaval, ma grand-mère maternelle m’avait confectionné, à ma demande, un uniforme de grenadier de l’Empire (avec une réplique d’un bonnet à poils !) ; toujours dans les années 50, j’avais été marqué par le film « Napoléon » de Sacha Guitry ; plus tard, j’avais lu avec un grand intérêt deux biographies de l’Empereur  rédigées par les historiens Octave Aubry et Jacques Bainville. Je me souviens également – alors que j’étais lycéen préparant le baccalauréat (créé par Napoléon !) - d’une description mémorable par notre professeur d’histoire de la charge malheureuse de la cavalerie française à la bataille de Waterloo.

Quelles formes a prises ta passion?

Etudiant en droit, d’abord à Tours puis à Poitiers, j’ai pu mesurer, au travers des enseignements dispensés, l’œuvre immense accomplie sous le Consulat et l’Empire, largement encore présente aujourd’hui ; ainsi sans prétendre à l’exhaustivité : la codification du droit français, la mise en place de l’organisation judiciaire et administrative avec la création du Conseil d’Etat, de la Cour des comptes, des cours d’appel et du corps préfectoral, la réforme de l’enseignement avec la création du concours d’agrégation … Devenu professeur de droit, d’abord en lycée, puis à l’Université de Tours, cette œuvre immense a été présente quotidiennement dans ma vie professionnelle ; c’est également à partir de cette époque que j’ai commencé à m’intéresser aux grandes batailles du Consulat et de l’Empire, en assistant en particulier à des reconstitutions. 

Cette passion est à l’origine du choix du sujet de ma thèse de doctorat en droit public avec l’amical soutien de mon ami le doyen Jean Rossetto malheureusement disparu en 2019. Mon travail portait en effet sur la question constitutionnelle en 1814 -1815, période au cours de laquelle se situe l’épisode des Cent jours qui s’est achevé, on le sait, par la seconde abdication de L’Empereur puis sa déportation dans l’île de Sainte-Hélène. 

Cette passion m’a conduit, par ailleurs à visiter de nombreux champs de bataille : Arcole, Rivoli, Marengo, Austerlitz, Iéna, Eckmühl, Wagram … mais aussi Waterloo.

 

Footing sur le plateau de Pratzen à Austerlitz.

N’oublions pas l’athlétisme. Ainsi en août 1967, j’étais sélectionné pour participer au match France - Allemagne de l’Ouest espoirs qui avait lieu en Bavière à Augsbourg. Lors du déplacement entre Dôle, où nous étions en stage, et cette ville allemande, nous étions passés à Ulm et je me souviens d’une passionnante discussion (probablement au retour) avec Robert Bobin, alors directeur technique national, sur la campagne de 1805 et la capitulation des troupes autrichiennes encerclées dans Ulm. Par ailleurs, lors de mes visites des lieux emblématiques de l’épopée napoléonienne, je me suis efforcé, à partir de la fin des années 1990, de conjuguer ma passion pour l’Empereur avec celle pour la course à pied. Ainsi en août 1999, j’effectuais un footing d’une douzaine de kilomètres sur le champ de bataille d’Iéna et l’année suivante, toujours au mois d’août, nouveau footing, cette fois à Austerlitz. Cinq ans plus tard, exactement le 2 décembre, j’étais à nouveau présent à Austerlitz pour la commémoration du bicentenaire de la bataille et le matin, seul, en dehors des lapins qui gambadaient dans la neige et d’un jeune couple de français qui avait eu la même idée que moi, j’ai gravi en courant le plateau de Prazen là où la cavalerie de la Garde impériale avait vaincu la cavalerie du tsar Alexandre 1er. Autre footing que j’ai effectué en 2016 à Kaunas, aujourd’hui en Lithuanie (anciennement Kovno), sur les bords du Niémen à l’occasion d’un voyage en compagnie d’anciens internationaux (et d’anciennes internationales). J’ai en effet quitté le groupe, le temps pour moi de me rendre à la « colline Napoléon » ainsi appelée car c’est de ce promontoire que l’Empereur avait observé en 1812 la traversée du Niémen par la Grande Armée au début de la campagne de Russie. Au cours du même voyage, je me suis rendu en pèlerinage au cimetière de Vilnius, en compagnie de Monique (et de son appareil photo !), là où ont été inhumés dans les années 2000 les restes de soldats de Napoléon retrouvés au cours de travaux de terrassement.

 

Enfin, pour l’anecdote, j’étais présent à Waterloo, l’année précédente, le 18 juin dans l’après-midi, entouré de sympathiques spectateurs anglais, pour assister à la reconstitution de la bataille. Si à Austerlitz, les Russes avaient bu sans modération pour oublier leur défaite, les Anglais étaient beaucoup plus sobres à Waterloo ! Un regret cependant : il ne m’a pas été possible d’effectuer le matin mon footing dans la « morne plaine » de Victor Hugo, la police belge en interdisant tous les accès.

Que penses-tu de l'actuel débat sur la commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon?

A une époque où la repentance et la répudiation du passé sévissent dans la société française, en particulier chez les intellectuels, en négligeant évidemment ce qu’étaient les mentalités en France et en l’Europe au début du XIXème siècle, il n’est pas « politiquement correct » de reconnaître sa passion pour un homme souvent accusé de nombreux maux.

Bref, il existe dans les Mémoires d’Outre Tombe - publiés en 1849-1850 - un passage où Chateaubriand, pourtant adversaire de Napoléon alors que ce dernier était au pouvoir mais qui restait fasciné par son génie, lui rend un hommage appuyé, tout en regrettant certains côtés du personnage. Je souhaite citer des extraits de ce texte, car pour moi il explique parfaitement pourquoi, aux XXéme et XXIème siècles on peut être passionné - comme moi - par l’épopée napoléonienne :

« Bonaparte n’est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits, par l’amour des libertés qu’il n’a jamais eu et n’a jamais prétendu établir ; il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier et puissant, un code de lois adopté en divers pays, des cours de justice, des écoles, une administration forte, active, intelligente, et sur laquelle nous vivons encore (même en 2021 !) (…) ; il est grand pour avoir fait renaître en France l’ordre du sein du chaos (…) ; il est grand surtout pour être né de lui seul, pour avoir su, sans autre autorité que celle de son génie, pour avoir su, lui, se faire obéir par trente-six millions de sujets (…) ; il est grand pour avoir abattu tous les rois ses opposants, pour avoir défait toutes les armées (…), pour avoir appris son nom aux peuples civilisés, pour avoir surpassé tous les vainqueurs qui le précédèrent, pour avoir rempli dix ans de tels prodiges qu’on a peine aujourd’hui à les comprendre. »

Saint-Avertin le 20 juin 2021

 

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