Tous les ans au mois de mai, nous sommes une dizaine à apporter aide à notre Ami de l'Athlé Jean-Paul BRANDET, président de l'association du marathon Poitiers-Futuroscope, pour la mise en poches des diverses publicités et brochures, remises par les sponsors et partenaires. Eh oui, ils donnent des sous !! La moindre des politesses, c'est bien de participer à leur retour sur investissement. Dans les années 70, les Shadoks pompaient, pompaient et pompaient toujours....Eh bien nous, épaulés d'une dizaine d'autres organisateurs ou amis de Jean-Paul, nous tournons, tournons et tournons....., sur 2 files, l'une et l'autre de chaque côté d'une rangée de tables raboutées.
Par le passé, nous opérions dans une salle sur le site du Futuroscope. Cette année, Jean-Paul nous a donné rendez-vous, ce mardi 26 mai à 9 h sonnantes, au 11 rue de la Tranchée, dans une salle annexe des Salons de Blossac, à deux pas du parc du même nom, où seront remis les dossards le samedi 30 et d'où partira la course le dimanche 31. Ils ont pensé à tout. Jean-Paul, sur le qui-vive depuis octobre 2014, sur les nerfs depuis plus de trois semaines, est étreint par l'angoisse : le préposé de la mairie qui devait ouvrir la porte dès 8 h 30, n'est toujours pas arrivé à 9 h 15 !!! Eurêka, à 9 h 20, le voilà. Un grand sourire irradie le visage de Jean-Paul.......et les nôtres. Joie bien vite dissipée : ce n'est pas la bonne clé !!...Jean-Paul frise l'apoplexie. Le préposé repart en courant, revient 5 minutes plus tard toujours en courant. Ouf : cette fois, c'est la bonne; la porte est ouverte.
Aussitôt, c'est l'état des lieux. Questions, remarques et réponses diverses fusent. "La salle est beaucoup moins grande qu'au Futuroscope". "n'y en a t-il pas une autre" ? "Non", répondent Jean-Paul et Joël. "Nous allons devoir faire avec, mais où allons nous ranger nos caisses pleines" ? "sous la table", propose une voix. "Sous la table, mais il n'y aura jamais assez de place", réplique une autre !! "On va les entasser", est-il suggéré. "Mais les poches du dessous vont s'affaisser et les caisses du dessus vont tomber", est-il répliqué. "Nous pourrons peut-être les ranger le long des murs au fur et à mesure que nous viderons les cartons d'emballage", tente Robert FERRIER. "Assez, assez, nous avons déjà perdu trois quarts d'heure, allons-y", ordonne fermement Robert MARZAC. Pensez, il y a 2650 poches à remplir d'une vingtaine de documents chacune, soit près de 53000 "paperasses" à empocher, de dimensions variables, allant du format A4, jusqu'à du 10 cm sur 4, en passant par plusieurs dimensions intermédiaires !!
Il est près de 10 h lorsque les 2 files de shadoks tourneurs s'ébranlent en bout de table. Les uns en pas chassé, les autres en pas oblique, leurs mains agiles (pas toutes), font merveille, happant chaque document, ils remettent la liasse ainsi formée à Françoise et Robert, shadoks "empocheurs", debout à l'autre bout de la table. A leur tour, Françoise et Robert tendent les poches pleines à Olivier et Philippe, shadoks encaisseurs, qui, assis, entassent obliquement les poches dans les caisses plastique ou carton. Olivier, es qualité d'expert-comptable retraité, a une mission supplémentaire d'importance : il doit totaliser le nombre de poches, tant les siennes que celles de Philippe, afin que nous stoppions vers 2650, et ce, sans arrêter le va et vient de ses mimines. Mais au bout de quelques minutes, Robert et Françoise sont débordés. Les poches bleues du Conseil Général et les blanches du Futuroscope, sont récalcitrantes à l'ouverture. Sur le champ, une shadok tourneur est déléguée pour leur préparer l'ouverture des poches. Les chaînes repartent. Joël, shadok ravitailleur-rangeur, ne sait où donner de la tête : réapprovisionner les imprimés épuisés sur la table, couteau à la main, ouvrir les boites pleines, découper les boites vides, ranger les caisses pleines...Les interrogations se font plus rares. "Comment font-ils à Paris où il y a 35000 participants" ?, s'inquiète Françoise ARTAUD. "Ils font appel à des prestataires de service professionnels, sans quoi ce serait ingérable", réplique Marie-Claude. "Et dire que plus de la moitié de ces imprimés vont aller à la poubelle sans même être lus", maugréent plusieurs. "la moitié ? Non beaucoup plus, 98%", rétorque Rémi.
Mais le travail avance. Les blagues fusent. Les rires tintent. L'entrain et la bonne humeur règnent. Soudain, vers 11 h, alerte : un commissionnaire arrive, chargé de nombreux et volumineux cartons, contenant chacun maintes petites boîtes, contenant elles-mêmes 12 paires de lunettes de soleil, bleues, rouges, noires,.... que le Grand Poitiers destine aux concurrents. Joël s'empresse d'approvisionner la table en petites boites. Mais il faut rapidement se rendre à l'évidence : les shadoks tourneurs ne peuvent correctement présenter la liasse d'imprimés, plus les lunettes, à Françoise et Robert. Eux-mêmes, quand la saisie est réussie, ont de grandes difficultés, tenant les poches ouvertes d'une main, à empocher le tout de l'autre, sans faire tomber imprimés ou lunettes. Et pour corser la manœuvre, Olivier et Philippe risquent de les écraser en encaissant les poches !! Décision est prise : à leur rôle de shadoks encaisseurs, il vont devoir rajouter celui de shadoks empocheurs de lunettes. Ouais, vous dis-je. Ça n'a pas duré longtemps !! Au bout de 5 minutes, ils sont asphyxiés. Les poches pleines d'imprimés, mais vides de lunettes, s'amoncellent devant Françoise et Robert. Deux shadoks tourneurs viennent au secours. La situation rétablie, un seul suffira à endiguer le flot des poches pleines.
Soudain : "arrêtez, arrêtez", s'écrit Joël, "Michel vient d'apporter le repas, il faut y aller". Nous regardons nos montres. Il est midi et demi. Olivier décrète : "nous avons rempli 1600 poches". Nous n'avons pas vu les minutes défiler. Mais il était temps de faire halte. Josiane, le regard dans le vague, est bouche-bée. Olivier a le visage défait : calcul mental et mimines actives, ça vous ruine les neurones. Robert pointe un index interrogateur. Françoise, traits tirés et yeux fermés, rajuste sa chevelure. Avant de s’asseoir, on s'interroge. Cette pose repas réparatrice, raisonnablement arrosée, est la bienvenue. Jean-Paul, shadok "téléphoneur" toute la matinée, a retrouvé le sourire.
Mais il faut y revenir. La reprise est difficile, les visages sont fermés. Peu après 14 h, nouvelle alerte : un jeune, faisant partie de la communication, au sein du GPAO (Grand Poitiers Athlétisme Organisation), arrive haletant, apportant les 3000 flyers-inscription à la course sur route, précédant le meeting national du 19 septembre prochain. "l'imprimeur n'a pas tenu les délais, je viens juste de pouvoir les récupérer", se justifie t-il. Monique peste . Ce serait pure folie de tenter d'ouvrir les poches déjà mises en caisse. Nous allons mettre le document dans le millier de poches qu'il nous reste à faire. Le fourmillement repart. Une bonne blague et les sourires reviennent. Nous avons même pu repérer les caisses dont les poches n'avaient pas de lunettes et y remédier !!!
Il est 16 h. Ouf, c'est fini. Philippe s'étale sur un lit de poches mises en caisse, feignant une sieste réparatrice. Rassurez-vous, il se sera réveillé........ avant mai 2016.
Rémi, shadok tourneur-rapporteur.